« Une deuxième valve, un second souffle. »
Len Parry, 91 ans, était de plus en plus essoufflé. Il pouvait à peine parler ou manger et avait besoin d’une bonbonne d’oxygène 24 heures sur 24. Sa valve aortique avait été remplacée chirurgicalement 23 ans auparavant. Maintenant, cette valve de remplacement, en tissu, était usée.
Len était trop fragile pour subir une autre grosse opération. Lui et son fils, Mark, ont appris l’existence de l’implantation valvulaire aortique par cathéter (TAVI), une intervention peu effractive qui vise à insérer un tube mince et flexible dans les vaisseaux sanguins pour accéder à la valve défaillante.
Mark ne savait pas si son père était un bon candidat à la TAVI – ni si ce dernier allait en sortir vivant. Toutefois, comme la santé de Len dépérissait à vue d’œil, il fallait faire quelque chose!
Mark et Len ont raconté leur histoire à Une voix aux maladies valvulaires Canada.
Comment était la santé de Len après son premier remplacement valvulaire?
Mark Parry : Mon père a subi une chirurgie à cœur ouvert en 2000 – pour un pontage et le remplacement de sa valve aortique.
Par la suite, il a eu d’autres problèmes de santé, y compris avec une hanche et un genou, qui ont été remplacés, et a reçu deux diagnostics de lymphome non hodgkinien. Malgré tout cela, son cœur allait bien. Il passait un échocardiogramme tous les ans pour surveiller le fonctionnement de sa nouvelle valve aortique. Chaque fois, on lui disait : « Tout va bien. À la prochaine. »
Comment avez-vous su que la valve fonctionnait mal?
Mark Parry : En 2022, mon père a commencé à éprouver des difficultés respiratoires, qui se sont progressivement aggravées jusqu’à ce qu’il ait besoin d’oxygène. Ça le rendait très anxieux.
Nous savions que la valve qu’il portait avait dépassé sa durée de vie de 18 à 20 ans, et qu’elle ne s’ouvrait et ne se fermait sans doute plus correctement. Alors, une partie du sang oxygéné n’était pas envoyé vers le corps et circulait à sens inverse. Lors d’une consultation en cardiologie, on nous a parlé de la TAVI et de son potentiel de traitement. Nous avons donc pris le temps d’y réfléchir.
Qu’est-ce qui vous a convaincu que la TAVI était la solution?
Mark Parry : Au début, je ne croyais pas que la TAVI était une option pour mon père, étant donné son âge. Enfin, après en avoir appris davantage sur la procédure, j’ai compris que nous aurions pu la demander bien plus tôt.
La perspective de ma voisine a été particulièrement éclairante. Elle est spécialiste en réadaptation et travaille avec des personnes qui se rétablissent d’une TAVI.
J’ai discuté avec elle de mes préoccupations concernant mon père de 91 ans. Elle m’a dit : « Il a des gens de 95, voire 97 ans qui bénéficient de cette procédure. Ce n’est pas une question d’âge, mais plutôt une question de résultats : quelle serait la qualité de vie du patient avec et sans l’intervention? »
Comment le cas de Len est-il devenu urgent?
Mark Parry : Mon père a commencé à montrer des signes d’insuffisance cardiaque congestive. Son état s’est aggravé assez vite, et nous nous sommes rendus au service des urgences. Il a été admis à l’unité des soins intensifs cardiaques.
À l’hôpital, on a vérifié son admissibilité à la TAVI. Du liquide s’était accumulé sur ses poumons en raison de l’insuffisance cardiaque. L’équipe médicale a éliminé ce liquide par médication, rendant mon père suffisamment stable pour subir la procédure, et a amené mon père au bloc.
Comment s’est passée la TAVI?
Mark Parry : C’est comme si la TAVI avait donné un second souffle à mon père. La transformation a été remarquable. J’ai une vidéo de mon père qui « danse » dans son lit d’hôpital après l’intervention.
Comment se comparent le rétablissement de Len après la TAVI et celui après la chirurgie à cœur ouvert?
Mark Parry : La chirurgie à cœur ouvert a été très dure physiquement sur mon père comparativement à la TAVI. Honnêtement, je pense que mon père a probablement vécu de pires interventions que la TAVI chez le dentiste.
Après sa chirurgie à cœur ouvert en 2000, nous avions remarqué un énorme changement dans sa personnalité. L’hôpital nous avait dit que cela pouvait arriver après l’utilisation d’un cœur-poumon artificiel et que ce serait temporaire.
Par exemple, un jour, il m’a convoqué dans son bureau au siège de l’entreprise familiale à Thornhill, en Ontario, et il m’a dit : « Tu peux prendre ma place maintenant. Je pense que je vais quitter le monde des affaires. » Ce n’était pas du tout dans sa nature; mon père a toujours eu un fort caractère.
C’était plutôt déconcertant. Puis, après quatre ou cinq semaines, il a repris ses esprits. Le personnage docile et silencieux était redevenu un fervent homme d’affaires.
Après la TAVI, rien de tel ne s’est produit.
À quoi ressemble la santé de Len aujourd’hui?
Len Parry : Je me sens très bien, merci.
Pour quelqu’un comme moi, c’est merveilleux d’être bien entouré. Notre entreprise, toujours basée à mon domicile, me permet de voir Mark et ses deux frères tous les jours, et mes petits-enfants – j’en ai sept – me gardent jeune. La semaine dernière, nous sommes allés au parc African Lion Safari. Et avant ça, nous avons visité l’Aquarium Ripley de Toronto. J’aime faire des sorties en famille, quand j’arrive à convaincre mon monde.
Quels conseils avez-vous pour les proches aidants d’une personne atteinte d’une maladie valvulaire?
Mark Parry : Faites preuve de proactivité. Adepte des suivis, je mesure des indicateurs de santé, comme la pression artérielle et le taux d’oxygène sanguin – au moyen d’un oxymètre au doigt.
J’ai la chance de voir mon père tous les jours; ce n’est pas donné à tout le monde. Les suivis peuvent vraiment vous aider à remarquer ce qui cloche et à agir avant que les choses s’aggravent trop.